Basée en Rhône-Alpes, Transméa est la première société de capital-risque
spécialisée dans la reprise d’entreprises par les salariés.
Dans les couloirs
des tribunaux de commerce, nombreux sont les salariés à espérer sauvegarder
leur emploi en devenant leur propre patron. Bien souvent toutefois, la reprise
d’entreprise par les salariés (RES) se heurte à un obstacle : l’argent.
« Un fonds de
roulement plus important aurait été le bienvenu », témoigne Renaud Collit,
gérant d’ID6, petite entreprise de câblage informatique de Vaulx-en-Velin. Elle
a été reprise à la barre du tribunal, en septembre, par une partie de ses
employés, puis transformée en société coopérative de production (Scop). « Nous
avons volontairement limité notre champ d’action, explique-t-il.
Notre capital est
trop juste pour payer par avance nos fournisseurs sur de gros chantiers. »
Encore, les sociétaires d’ID6 sont-ils parvenus à leurs fins, en contractant
trois emprunts. « Les structures financières répondent à des critères
d’investissement stricts, indique Bruno Lebuhotel, président de l’Union
Rhône-Alpes des Scop. Un trou de 50.000 € peut suffire à bloquer la
constitution d’un tour de table trente fois supérieur. »
Pour ne pas épuiser
la capacité d’endettement des jeunes pousses et favoriser les RES, l’Union
régionale des Scop a ainsi créé Transméa, début novembre. Constituée en
partenariat avec les acteurs traditionnels du monde coopératif et le conseil
régional de Rhône-Alpes, cette société de capital-risque au capital de 5,5
millions d’euros entend prendre des participations dans le cadre de procédures
de redressement judiciaire ou à l’occasion de départs en retraite de chefs
d’entreprise.
4.000
personnes en région Rhône-Alpes
C’est ce dernier domaine que souhaite
défricher Bruno Lebuhotel. « Beaucoup de patrons ont des préjugés de nature
idéologique à l’encontre des coopératives, estime-t-il. Nous voulons leur
proposer une alternative à la cession familiale ou la vente à un investisseur.»
Avec un argument de poids : une étude d’Oséo, la banque d’aide aux PME, montre
qu’un ancien salarié de l’entreprise a deux fois plus de chances de réussite
qu’un repreneur extérieur.
Transméa
accompagnera également des sociétés anonymes classiques, sans les contraindre à
adopter le statut de société coopérative. C’est là toute l’originalité de la
démarche. Mais, en retour, elle exigera qu’un pacte d’actionnaires inscrive
noir sur blanc certaines de ses valeurs.
Le capital de la société devra toujours être détenu en majorité par les
salariés et une partie des bénéfices sera affectée à la consolidation des
réserves financières, permettant à terme le rachat des parts de Transméa.
Les salariés ne
seront pas abandonnés à leur sort mais suivis par les actionnaires, qui
encourageront la formation économique et gestionnaire des salariés. Une manière
inédite de promouvoir les Scop, dont le nombre a augmenté d’un tiers ces cinq
dernières années en région Rhône-Alpes, où elles emploient 4 000 personnes.
Source : La Croix 02/12/2007
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